Réflexions de Nazaré

Cabinets virtuels, dématérialisation des échanges, contrats intelligents, prédominance du rôle relationnel de l’avocat, caractérisent de plus en plus le métier d’avocat, comme nous l’avons mentionné dans nos précédentes newsletters.

Aujourd’hui j’aimerais m’attacher à la situation de l’avocat lui-même, aux satisfactions qu’il peut retirer alors que l’isolement dû au confinement modifie profondément ses relations professionnelles aves ses collègues.  

Précédemment, dans ma présentation de l’attitude souhaitable de l’avocat vis-à-vis du client, j’avais mis en exergue ‘La lutte pour la reconnaissance’ selon laquelle Axel Honneth explique que chaque individu a besoin d’une triple reconnaissance : amour, justice et solidarité. Ces trois éléments fondamentaux font partie des attentes de base de chaque individu et l’avocat doit bien sûr les préserver et bâtir sur leur socle ses relations avec ses clients et ses confrères.

Maintenant, dans son activité professionnelle l’avocat lui-même a des besoins psychologiques essentiels à satisfaire afin de trouver son plein épanouissement.

De quoi parlons-nous ?

La solitude provoquée par le confinement entraine une situation de liberté, de libre choix pour l’avocat qui nous rappelle ‘La Théorie d’Autodétermination’ (T A D) d’Edward Deci et Richard Ryan. Deci & Ryan (2002) postulent l’existence de trois besoins psychologiques basiques qui permettent à l’individu d’atteindre un optimal à la fois en termes d’expérience comportementale, de développement personnel et d’expérience dans des situations spécifiques.

Il s’agit du besoin de compétence (se sentir efficace), du besoin d’appartenance (avoir un sentiment d’appartenance avec d’autres individus) et du besoin d’autodétermination ou d’autonomie (se sentir être l’origine ou la source de ses propres comportements).

Ces motivations intrinsèques sont plus puissantes que les motivations extrinsèques qui, sous forme de récompenses et/ou de punitions, devraient ‘manipuler’ l’individu pour ‘optimiser’ ses résultats.

Le parallèle avec le surfeur me semble parfaitement adapté : le surfeur dans sa grande solitude est mû par des motivations intrinsèques comme la preuve de sa compétence à maitriser son équilibre, le sentiment d’appartenance - il fait partie d’une communauté de surfeurs - et l’autodétermination dans la prise de décisions immédiates.

Par ailleurs, cette notion d’autodétermination et d’autonomie amène à reconsidérer le principe d’authenticité (Alessandro Ferrara). En effet dans la mesure où l’avocat travaille de manière autonome il est fondamental qu’il continue à être authentique et partage, de sa propre volonté, les valeurs et la culture du cabinet. Cette notion de culture d’entreprise prend encore davantage de valeur lorsque le personnel est isolé, dispersé et éloigné du lieu de travail.

Il me parait donc indispensable durant cette période de grande autonomie de maintenir la « culture d’entreprise vivante » afin qu’elle s’adapte aux nouvelles conditions vécues par l’avocat et que celui-ci puisse donc continuer à être authentique dans ses relations avec le Cabinet.

Je reviendrai sur ces thèmes dans mes prochaines newsletters et en particulier sur comment passer du stress au succès.

Alexandra Grouasil