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Je mentionnais dans ma précédente newsletter un changement majeur lié à la pandémie de Covid 19 à savoir la disparition du présentiel remplacé par le virtuel par l’intermédiaire de technologies de télécommunications et de digitalisation. Le télétravail et les réunions virtuelles sont devenus la règle et vont persister dans les années à venir. C’est cette dématérialisation des échanges qui constitue la planche de surf dont nous devons nous équiper et maitriser la pratique.
Les réunions auxquelles j’ai récemment participé avec des juristes de Bristol, Bucarest, Melbourne et Dallas font toutes ressortir le fait que la pandémie n’a pas suscité la création de nouveaux processus digitalisés mais a plutôt accéléré la mise en place à marche forcée de processus qui étaient déjà ‘dans les cartons’ mais dont le caractère opérationnel ne présentait pas à l’époque un degré d’urgence très élevé. Ce qui était considéré comme évolution prévisible, sinon souhaitable, est devenu priorité absolue non seulement dans le secteur privé mais encore au niveau des Autorités publiques.
Les grands axes de développement du Cabinet virtuel concernent donc en particulier la complète dématérialisation, les contrats intelligents et la blockchain ainsi qu’une gestion entièrement digitalisée des cabinets - désormais virtuels - intégrant les taches de gestion depuis la prise en charge initiale du client jusqu'à la facturation.
Les activités ‘intermédiaires’ de production de documents contractuels seront de plus en plus effectuées de manière informatisée grâce à l’Intelligence Artificielle et aux logiciels juridiques.
Qu’en est-il alors du rôle de l’avocat? Laissant le travail de recherche et de production documentaire à la machine, l’avocat aura de nouvelles opportunités pour se consacrer davantage à son rôle relationnel avec ses clients et/ou s’impliquer lui-même dans la maitrise de la programmation en langage naturel des logiciels utilisés.
Cette dématérialisation des contrats va même – dans le cas de Singapour - jusqu’à la reconnaissance légale du connaissement électronique au même titre que le connaissement sur papier. (On peut imaginer que cette facilité - si elle était acceptée par l’U.E. - serait très appréciée par nos voisins britanniques malades des formalités de transport imposées par leur Brexit). https://www.essdocs.com/blog/singapore-passes-law-granting-electronic-bills-lading-same-legal-status-paper
Concernant l’emphase sur le rôle relationnel de l’avocat on peut citer des qualités à développer comme : le réel désir d’aider, les aptitudes à communiquer, le leadership et l’esprit d’équipe et la gestion du temps. Toutes sont importantes, cependant, de mon point de vue la qualité qui sera la plus appréciée par le client est, le ‘réel désir d’aider’, pourquoi ? Axel Honneth l’a fort bien énoncé dans sa ‘Lutte pour la reconnaissance’, où il explique que chaque individu a besoin d’une triple reconnaissance : amour, justice et solidarité. Le ‘réel désir d’aider’ va bien au-delà du service formel associé à une rémunération agréée contractuellement. Les clients, ainsi que les recruteurs, peuvent identifier très rapidement si un avocat est passionné et impliqué à être au service des autres. Etablir que vous avez un désir sincère d’aider vos clients et vos collègues vous permettra de consolider la loyauté, le succès et le respect autour de votre nom.
Ainsi, nous voyons que si ce Cabinet virtuel va définitivement modifier le rôle de l’avocat, la maitrise de la dématérialisation va permettre à notre profession de surfer, d’évoluer vers des activités intellectuelles grisantes auxquelles il nous incombe de nous préparer.
Alexandra Grouasil